La nuit, j'écris. Je tourne les mots dans ma tête.
 Je les assemble. Ils se ressemblent. Je les éloigne.
La nuit, j'écris. Je froisse les pages de mon cahier.
La nuit, j'écris ce qui occupe mon sommeil.
J'écris tard. Je déchire des feuilles.
La nuit, j'écris.
Le jour, je plie. Je plie tous ces papiers
 chiffonnés, tous ces papiers raturés.
 Tous ces essais manqués.
Le jour, je plie sous le poids de la vie
. Le jour, je vis en vrai. Le jour je m'inscris
 dans la réalité.
La nuit, j'inscris mes rêves.
La nuit, j'écris sur des pages blanches
 que je jette après. Beaucoup de ratures.
 Beaucoup d'écrits ratés.
La nuit, j'écris sur des pages blanches.
Mes nuits blanches.
La nuit, j'écris sans faire de bruit.
 Comme une activité clandestine que l'on
 n'ose pas s'avouer.
La nuit, j'écris sans faire bruit. Comme
 des moments que l'on devrait savourer.
La nuit, j'écris et puis c'est tout.
La nuit, j'étouffe mes cris sur du papier.
La nuit, j'écris mon bonheur. Mes jours
 sont des rêves éveillés. La nuit je les raconte.
 La nuit j'écris mes souvenirs de ce chemin
 parcouru. La nuit je pense à mes blessures
 passées d'avant-bonheur, jamais vraiment
 refermées.
La nuit, j'écris ma nostalgie. Cette peur que ça
 s'arrête, que cela soit bousculé, dérangé
. Ce petit peu de ne pas y croire.
La nuit, j'écris les mots comme ils me viennent.
La nuit, je crie mon bonheur. Mon amour.
 Ma joie. Mes peurs. Mes doutes.
Le jour, je suis sûr de moi. Mon bonheur
 me donne des ailes. J'avance.
La nuit, je doute. Parfois. Souvent.
Pourquoi ?
Parce que je te cherche ....